Esemplastic Landing

2016—17
vidéo: ︎Kingdom


résidence nomade



En 2016-2017, après sept ans de spectacles à travers le monde, Lucy M. May est retournée dans sa région natale des Maritimes en tant qu'artiste en résidence. À l'intérieur et entre les villes et les villages du sud du Nouveau-Brunswick, Lucy s'est déplacée dans l'herbe, la boue, l'eau et le vent pendant trois mois, traversant l'asphalte et les voies ferrées. Sa recherche visait à développer une pratique de danse en dialogue avec la terre et partagée avec la communauté.

Esemplastic Landing emprunte le mot du poète Coleridge, qui signifie "se fondre en un". Comme le débit d'une rivière inséparable de ses berges, les mouvements de Lucy sont à la fois façonnés et sculptés par la rivière Wolastoq, le bassin versant de la Petitcodiac, la forêt omniprésente, les affleurements intermittents de l'asphalte, par les marais, ou encore par la baie de Fundy.


Lucy M. May ©Mathieu Leger

Lucy M. May ©Mathieu Leger


pratique de la performance



Cherchant à solidifier ses racines avec le Nouveau-Brunswick et ses communautés, Lucy s'est promenée seule et avec d'autres dans des paysages de la région, réalisant des enregistrements cinétiques avec les histoires qui sont remontées à la surface des os, des muscles et des organes, tout en parcourant de courtes et de longues distances. Elle a ensuite transposé ces observations dans des danses improvisées lors de performances gratuites en plein air :

We come about - knots of light and silence rue Bridge, Sackville
Bridge Performance, Pont piétonnier, Fredericton (La Société du Fleuve Saint-Jean)
From Very Far Away / De Très Très Loin, Patinoire Sunny Brae, Moncton (Ballet Atlantique Canada)
How Is It?, Swan Pond, Sackville (Département des Beaux-arts de l’Université Mount Allison)
What These Things Are Saying To Me, centre Purdy Crawford, Sackville (Université Mount Allison)
Grounded, centre Purdy Crawford Centre, Sackville (Université Mount Allison)
The Lips of the RiverLe festival de danse contemporaine de Saint John, Saint John (Connection Dance Works)




Lucy M. May ©Claire May ©Mathieu Leger


réflexions



« Je reconnais que ce projet se déroule sur les très belles terres traditionnelles et non cédées des Wolastoqiyik, Mi'kmaq, et Peskotomuhkati de la Confédération Waban-aki. Je suis une Néo-Brunswickoise de première génération et une Canadienne de septième génération. Je reconnais que ma descendance me lie aux industries issues des cultures européennes et coloniales telles que l'industrie papetière, l'agriculture commerciale, les arts et les sciences institutionnelles.

[Mon] peuple et notre mode de vie ont divisé et morcelé un territoire entier en parcelles délimitées, en propriété. Nous avons transformé le paysage vivant et les communautés plus qu’humaine en une collection d'objets. Je reconnais que les gestes que je fais ici ne permettent pas de me retirer de cette terre ou de réparer ce qui a été fait, alors je marche ici pour découvrir dans mon corps la relation entre mon héritage colonial et la possible décolonisation. Je danse pour imaginer ces notions manifestement politiques en tant qu'états d'être et comme des façons de se déplacer dans le monde. Je reconnais les mécanismes impériaux inscrits dans mes gestes et je tente d’imaginer comment la décolonisation pourrait danser.

En mouvement, j'essaie de m'engager dans un travail de "retrouver mes sens", comme l'écrit David Abram (The Spell of the Sensuous). Je me rappelle la faillibilité humaine et ma propre petitesse. Je me remémore la nature fondamentale de la communauté, à la fois humaine et plus qu'humaine. En dansant, j'essaie de me rappeler à nouveau ma posture dans les cycles rythmiques du monde vivant, mais aussi de situer ma relation avec les communautés qui sont là depuis bien avant la mienne. Que ces danses soient en dialogue avec elles et qu'elles servent à redonner à ces terres ce qu'elles ont été et ce qu'elles peuvent encore devenir. »

Lucy M. May, Fredericton, 9 juin 2017




citation
« Lucy dansait, les oiseaux criaient, les lys tigrés, la bergamote et un saule imposant en arrière-plan. Envoûtant. Après avoir terminé, elle m'a demandé de danser. C'était une expérience magique. » —Telegraph Journal (Nouveau-Brunswick)

crédits
partenaires Atlantic Ballet of Canada, Département des Beaux-arts de l’Université Mount Allison/Thaddeus Holownia, La Société du Fleuve Saint-Jean
soutien Conseil des arts et des lettres du Québec




︎︎︎ dessin ©Looumms









Nous tenons à exprimer notre respect et gratitude aux gardien·ne·s traditionnel·le·s des terres et territoires non cédés sur lesquels ces œuvres ont été créées : les Nations et Confédérations Anishinaabeg, Chippewa, Kanien'kehá:ka, Mi'kmaq, Mississaugas of the Credit, Waban-aki et Wolastoqey. La création de la danse et de l'art repose sur des fonds et des ressources, et les richesses, toutes, proviennent de la terre. « Landback. »